Confession marteau-piqueur.

Un de mes rêves est de posséder un marteau-piqueur. Loin de moi Claude François et son marteau pour cogner le jour, la nuit, construire une ferme, une grange et une barrière et y mettre sa mère, son père, ses frères et ses sœurs, oh oh ce serait le bonheur.

Non. Si j’avais un marteau-piqueur, je défoncerais du goudron. Vraiment. Fort et longtemps. Jusqu’à tout démolir. Qu’il ne reste plus rien. Je ne suis pas figée sur l’objet marteau-piqueur : une pelle mécanique ou une boule de démolition feraient aussi bien l’affaire. Je fantasme sur truc qui casse tout mais ne blesse personne.

Quand je marche dans la rue et que je vois un ouvrier qui s’adonne à ce plaisir charnel (oui, on en est là), je me dis qu’un jour moi aussi je pourrais casser des choses. Je l’admire, j’envie le type, je sens quelques bouffées de désir pour l’engin. Les vibrations assourdissantes me mettent presque en transe. Il faut que je sois près, que je vois les mouvements verticaux de la mèche ou de tout autre machin qui monte et qui descend à toute vitesse et qui pilonne le sol, que je sente l’odeur de la poussière du bitume. Sinon le bruit m’agace. Il faut avouer que ce son n’est pas d’une mélodie bien agréable lorsqu’on lit sur son canapé et que je préfère encore écouter Cloclo.

Ce n’est pas très raccord quand on connait ma carrure et mes aspirations pacifistes. Mon objet de fantasme est pourtant plutôt sage. Je ne veux faire de mal à personne. Je veux juste enlever le béton et anéantir la ville. Et crier fort en même temps. Me venger, quoi. Venger la nature. C’est assez modeste finalement comme rêve.

C’est bientôt mon anniversaire. N’hésitez pas. (J’ai déjà parlé de ça à ma psy donc il n’y a pas besoin de faire une cagnotte pour une thérapie, merci.)

Illustration : Ophélia Pang

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